mercredi 4 juin 2008

les pourrisseurs d'Europe

Inquiet du durcissement des prises de position italienne, le gouvernement socialiste espagnol souhaite jouer un rôle de premier plan dans la négociation du pacte européen d'immigration dont Nicolas Sarkozy a fait l'une des priorités de la présidence française de l'Union européenne. De passage à Paris pour rencontrer son homologue français Jean-Pierre Jouyet, le nouveau secrétaire d'état espagnol pour les affaires européennes, Diego Lopez Garrido, a rappelé mardi 3 mai, dans un entretien au "Monde", que Madrid "espère parvenir entre la France et l'Espagne à un texte" commun à proposer aux autres pays européens sur la version finale du pacte d'immigration.

L'Espagne, précise-t-il, veut faire valoir ses positions sur le contrat d'intégration à offrir aux immigrés légaux et sur la question de la régularisation des travailleurs immigrés sans papier, qui a opposé dans le passé le chef du gouvernement espagnol, Jose Luis Zapatero et Nicolas Sarkozy. Dans les deux cas, M.Garrido, qui a été sous la précédente législature espagnole le porte-parole du groupe socialiste à la chambre des députés, estime "trop rigide" l'actuelle formulation proposée par la France dans le projet de pacte qu'elle a fait circuler.

Il souligne que si le traitement de l'immigration illégale, et notamment les retours, doivent se faire selon des règles européennes strictes, l'UE ne peut fixer qu'un cadre général sur la manière de procéder pour l'immigration légale. "La mise en pratique des mesures d'intégration reste du domaine de chaque état", insiste-t-il. Madrid souhaite arriver à un accord sur une formulation de ces points lors du prochain sommet franco-espagnol qui aura lieu à Saragosse le 27 juin.

M. Garrido a renouvelé l'opposition formelle de l'Espagne à la suggestion italienne de faire de l'immigration illégale un délit susceptible de poursuite. Le premier ministre italien, Silvio Berlusconi, a profité d'un entretien mardi à Rome avec le premier ministre espagnol, en marge du sommet de la FAO sur la sécurité alimentaire, pour clore la polémique entre les deux gouvernements à ce sujet.

M. Berlusconi, qui a également évoqué ces questions mardi avec le président Sarkozy, a précisé que pour lui l'immigration clandestine n'est pas un délit mais "une circonstance aggravante pour qui commet un délit". Le texte voulu par le ministre de l'intérieur Roberto Maroni, l'un des dirigeants <du parti populiste et xénophobe> [tiens il fallait bien qu'il le place celui-là] de la Ligue du nord, devrait être amendé en ce sens au cours du débat parlementaire.

Les projets initiaux du gouvernement ont suscité des appréciations négatives du Vatican et de l'ONU. Le 2 juin, le responsable du Conseil pour les migrants du Vatican, Mgr Agostino Marchetto, s'est ému des intentions du gouvernement italien : "Les clandestins ne devraient pas être privés de leur liberté à cause d'une infraction administrative", a-t-il expliqué.

Aucun commentaire: