jeudi 5 juin 2008

invasion et territoires occupés

Une manifestation pour la libération d'un sans-papiers a dégénéré en face-à-face tendu, mercredi 4 juin au soir, devant le commissariat de Montreuil (Seine-Saint-Denis) entre la police et plus de 200 manifestants, dont huit ont été placés en garde à vue.

Plusieurs dizaines de personnes s'étaient au départ réunies dans la rue du commissariat de Montreuil, pour protester contre l'interpellation dans l'après-midi d'un sans-papiers devant un foyer de travailleurs étrangers, alors même qu'une manifestation était prévue une demi-heure plus tard pour dénoncer les arrestations de plus en plus nombreuses aux alentours des foyers de la ville.


Selon le commissaire de Montreuil, Eric Berot, les manifestants ont d'abord essayé d'envahir le commissariat avant d'entraver la chaussée et de bloquer la circulation dans la rue, provoquant un embouteillage important dans Montreuil en fin de journée. "Cela devenait un trouble important à l'ordre public. J'ai alors procédé aux sommations pour leur demander de partir, avant de faire procéder à leur évacuation", explique le commissaire, selon qui les manifestants sont "de plus en plus vindicatifs, de plus en plus agressifs" ces derniers temps à Montreuil.

Les manifestants, eux, ont dénoncé une réponse disproportionnée, et un usage "gratuit" de la violence de la part des forces de l'ordre. Une première charge de police vers 19 heures sur une soixantaine de militants du "collectif anti-rafles" de Montreuil a été suivie d'autres charges jusqu'à 23 heures, le groupe de manifestants se renforçant au fur et à mesure. Des poubelles ont brûlé pendant plusieurs heures à proximité du commissariat. La police a fait usage de flash-ball, certains manifestants leur répondant par l'envoi de projectiles.

RECRUDESCENCE DES CONTRÔLES


Au total, huit personnes ont été interpellées : cinq pour délit d'"entrave à la circulation" et "refus de se disperser après sommation", deux pour "dégradation de véhicules en stationnement", une soupçonnée d'avoir blessé un policier, nécessitant cinq jours d'interruption temporaire de travail. Un des manifestants interpellés a également été blessé. La situation s'est progressivement apaisée à partir de 23 h 30. Accompagnée de plusieurs élus, écharpes tricolores sorties, la sénatrice-maire de Montreuil, Dominique Voynet (Verts), s'est interposée et a réclamé la libération des personnes arrêtées. Le député Jean-Pierre Brard (PCF) était également présent.

Les cinq personnes interpellées pour "entraves" ont été relâchées pendant la nuit. Les trois autres étaient toujours en garde à vue jeudi matin. Selon le commissaire, aucun sans-papiers ne fait partie des personnes en garde à vue. Les manifestants eux, affirment que deux Africains en situation irrégulière ne sont pas ressortis du commissariat. "Cela intervient alors que depuis plusieurs semaines, nous constatons une recrudescence des contrôles au faciès, à la sortie du métro, devant les foyers. Quatre sans-papiers ont été interpellés en un mois. A Montreuil, nous ne sommes pas habitués à ce fonctionnement. L'attitude des policiers mercredi soir était choquante", a expliqué Roselyne Rollier, militante du Réseau éducation sans frontières (RESF) présente sur place.



Interrogée sur France Inter jeudi matin, Dominique Voynet, a confirmé que "cela faisait des semaines que l'on procédait dans Montreuil à des arrestations à la suite de contrôles d'identité". "Cela a été violent, dans les mots, dans les gestes, a-t-elle témoigné à propos des événements de mercredi. "Et ça suppose quand même une interrogation très forte sur cette politique arbitraire, une sorte de loterie à l'inefficacité prouvée", a ajouté Mme Voynet.

Aucun commentaire: