jeudi 29 mai 2008

territoire perdu à reconquerir. Trafic.

vingt minutes de Paris, à une station de RER de Roissy et à la croisée des autoroutes A 1 et A 3, la cité HLM de Sevran- Beaudottes est devenue, selon les autorités, une plaque tournante du commerce de stupéfiants en Ile-de-France.

Dans cet ensemble de 1 000 logements situé autour d'une gare où convergent huit lignes de bus, l'activité est florissante. Avec l'explosion de la consommation, le trafic autrefois de artisanal est devenu quasi mafieux. Une trentaine de caïds y font la loi, les bénéfices sont considérables. Ils pourraient dépasser le million d'euros par an, d'après les estimations de la mairie.

Malgré les nombreuses interventions et opérations "coup de poing" de la police, la situation dans ce quartier sensible de 10 000 habitants se dégrade d'année en année. Le nombre d'infractions liées aux stupéfiants est en forte augmentation : + 194 % entre 2006 et 2007. La mise en place, en septembre, d'un groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) spécialisé dans la lutte contre la drogue – une première en France – a donné ses premiers résultats. L'an dernier, neuf affaires de trafic de stupéfiants ont permis la saisie de 32 kilos de résine de cannabis et 100 g de cocaïne.

VIDÉO

Dans une note interne évoquée récemment par la presse, les renseignements généraux (RG) parlent d'une "situation explosive" dans un quartier "sous la coupe réglée de délinquants". Ce rapport des RG confirme ce que les élus locaux disent depuis plusieurs années. Et aujourd'hui, "l'Etat n'a plus d'excuses pour ne pas intervenir ", estime le maire et conseiller général, Stéphane Gatignon (PCF).

Décidé "à prendre le problème a bras le corps", le préfet de Seine-Saint-Denis, Claude Baland, mise sur la poursuite d'actions "visibles et soutenues" ainsi que sur un renforcement de la présence policière sur le terrain pour perturber les trafics et déstabiliser la délinquance à l'origine de bon nombre d'agressions. Il compte également sur des actions de prévention et sur la vidéo- protection pour reconquérir le territoire.

Pour Stéphane Gatignon, la vidéo ne peut être qu'une réponse ponctuelle qui ne réglera pas la question. "Elle risque de déplacer le problème dans un autre quartier avec des individus encagoulés pour ne pas être reconnus." C'est une présence humaine et un commissariat de plein exercice que réclame l'élu.

Il vient d'obtenir partiellement satisfaction. Le 20 mai, la ministre de l'intérieur a annoncé à l'Assemblée nationale, la création prochaine d'une unité territoriale de quartier (UTEQ) à Sevran. Cette annonce fait suite à l'engagement de l'Etat de construire rapidement un commissariat. Pour accélérer le dossier, la municipalité a décidé de mettre gratuitement à la disposition du ministère de l'Intérieur un terrain d'une valeur équivalent à 1 million d'euros en charges foncières : un effort financier considérable pour une ville de 50 000 habitants à qui il manque, selon le maire, 3,6 millions d'euros pour équilibrer son budget et dont les moyens sont inférieurs de 30% à ceux des villes de même importance.

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