samedi 29 mars 2008

Les crapules negocient entre eux

"La réforme du mode de scrutin avant les échéances de 2010, souhaitée par le premier ministre, suscite l'opposition du PS et du MoDem.

La question remuait les cadres de l'UMP depuis plusieurs jours, François Fillon l'a exposée cette semaine. Dans L'Express, le premier ministre s'est prononcé «à titre personnel » pour une modification du mode de scrutin des régionales de 2010. «Le gouvernement souhaite un débat», a-t-il expliqué avant d'ajouter que sa préférence «va pour la proportionnelle à un tour».Façon pour le premier ministre d'engager un bras de fer avec l'opposition alors que celle-ci renâcle dans la réforme des institutions ? Il s'en défend : il faut «dissocier la question des modes de scrutin de la révision constitutionnelle».
La levée de boucliers à gauche n'a cependant pas tardé. «En tant que président de l'Association des Régions de France, je tiens à vous exprimer à nouveau notre opposition la plus ferme et notre grande inquiétude face à ce projet», écrivait le socialiste Alain Rousset à Matignon dès jeudi. Bruno Le Roux, secrétaire national du PS en charge des élections, attend avant toute chose qu'on lui explique «pourquoi» un tel changement. «Le mode de scrutin en vigueur a permis de dégager des majorités. La droite ne semble guidée sur les questions des modes de scrutin que par une inquiétude : “Quel est celui qui va nous permettre de gagner la prochaine fois ?” »
Des arguments balayés d'un revers de la main à l'UMP, où les voix sont nombreuses, après les défaites des municipales et des cantonales, à se prononcer pour une telle modification. «Le scrutin actuel est inique, injuste et très complexe, explique Roger Karoutchi. La lisibilité de l'élection régionale, avec son scrutin proportionnel à deux tours et prime au premier, est un vrai problème. Cela a conduit à l'abstention que l'on a connue en 2004.» La possible tête de liste UMP en Ile-de-France se sent d'autant plus à l'aise dans ses critiques qu'il rappelle que c'est l'actuelle majorité «qui a mis en place cette usine à gaz». Un an avant la débâcle de 2004, la loi électorale en vigueur avait été modifiée par Jean-Pierre Raffarin pour éviter que le FN ne se retrouve en position d'arbitre.

«Favoriser le bipartisme»

En 2008, l'ancien premier ministre tient le même discours mais la cible a changé. «Le scrutin actuel est mauvais dans la mesure où on est dans une logique de parti unique : on n'a plus de réserve de voix pour le second tour, on l'a d'ailleurs souvent constaté aux municipales cette année», explique Raffarin. Il propose donc «le maintien de ce mode de scrutin, mais à un seul tour pour favoriser encore le bipartisme». Un bipartisme menacé ? «Avec les Européennes en 2009, François Bayrou va retrouver une certaine audience, analyse l'ancien premier ministre. Il ne faut pas que l'année suivante, les assemblées régionales redeviennent ingouvernables à cause de petits partis
Au MoDem, bien sûr, on déplore une telle initiative. «Entre le résultat des élections nationales en 2007, dont l'UMP a tiré le plus grand profit, et celui des élections locales en 2008, dont le PS, à son tour, a tiré le plus grand profit, il y a une volonté de maintenir le débat politique dans le monopole de deux formations», déplore Éric Azière, en charge des élections au MoDem. «Si les scrutins locaux deviennent des scrutins sanctions, c'est que les citoyens ne se reconnaissent pas dans la représentation nationale», analyse son collègue Bernard Lehideux."

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