lundi 11 février 2008

Cheval de Troie

Une information rendue publique en Slovénie est passée inaperçue en France. Pourtant, cette nouvelle touche au fonctionnement même de l’Union Européenne. En effet, le document révélé par la presse slovène est issu d’une rencontre du 24 décembre, à Washington, entre le directeur politique du ministère des Affaires étrangères slovènes, Mitja Drobnic, qui a dû démissionner depuis, et le secrétaire d’Etat adjoint américain aux Affaires européennes, Daniel Fried (source : Courrier International n° 901 du 7 février 2008). Ce sont des recommandations expresses que le gouvernement slovène, qui assure la présidence de l’Union Européenne depuis un mois, reçoit de Washington. Ainsi peut-on trouver dans ce rapport l’injonction faite à la Slovénie d’être parmi les premiers pays au sein de l’UE à reconnaître l’indépendance du Kosovo. Cette révélation peut nous mieux faire comprendre l’attitude de plusieurs pays d’Europe de l’Est en février 2003 qui se sont ralliés à la déclaration de Vilnius pour soutenir l’intervention américaine en Irak, convaincus des « preuves » de l’existence d’armes de destruction massive. L’atlantisme de ces pays tant décrié par certains de nos contemporains trouve dans cette révélation une preuve flagrante. Comment alors ne pas être en droit d’imaginer que des méthodes similaires aient été déjà utilisées dans le passé à l’égard de ces pays ? Il est de même légitime de se demander, sans tomber dans la paranoïa du complot, si Washington ne dispose pas de moyens plus persuasifs encore et ayant le même but : contrôler l’UE ?S’il est déjà de notoriété publique que l’Union Européenne est à ce jour la zone économique la plus libérale qui soit, devant même les Etats-Unis, et ce au profit des concurrents extra-européens, nous avons maintenant la preuve que politiquement et diplomatiquement, elle est aussi peu indépendante qu’un gouvernement sous l’occupation. Quelle mauvaise foi et quel cynisme faut-il pour affirmer que cette chimère idéologique et totalitaire serait à même de faire poids économiquement face aux Etats-Unis, alors qu’elle n’est qu’un immense marché ouvert pour les entreprises américaines notamment, ou diplomatiquement, alors qu’elle n’est que le jouet de Washington pour déstabiliser notre beau continent au profit des intérêts financiers américains.
Encore un exemple flagrant qui démontre que la soi disant “souveraineté” européenne ne tient pas, et que seules des nations indépendantes peuvent librement choisir leurs alliés et leur politique étrangère (il n’est pas forcément choquant en soi que la Slovénie soit l’alliée des Etats-Unis, mais il l’est plus qu’elle l’impose de fait aux autres pays de “l’Union”).
Il est probable que les Etats-Unis ne fassent rien pour remercier la France si d’aventure elle s’alignait sur la Slovénie pour reconnaitre l’indépendance du Kosovo, n’ayant pas été -à notre connaissance- un de ses interlocuteurs dans cette affaire. Ainsi, outre l’achèvement de la trahison envers nos alliés historique de Serbie (pour qui nous étions entré dans la première guerre mondiale), Judas n’aura même pas ses trente deniers…

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