mardi 1 janvier 2008

relecture de Nietzsche

Alors que je relie Nietzsche, je m'aperçois à quel point il se préocupe du sort de l'Europe, ce dont je ne m'étais pas rendu compte à mes premieres lectures (il faut dire que les questions civilisationnelles et identitaires de ce type n'était pas l'épicentre de mes préocupations de l'époque).
Voici deux passages, à mon avis sur des points fondamentaux et essentiels qu'il ne fait qu'effleurer, découvrir (au sens litéral) avec génie laissant à ses lecteurs le soin d'approfondir les voix tracées par lui :

"le philosophe tel que nous le comprenons, nous esprits libres, l'homme de la plus vaste responsabilité, qui se sent responsable de l'évolution totale de l'humanité, ce philosophe se servira des religions pour son oeuvre de sélection et d'éducation, comme il se servira des conditions politiques et economiques existantes. L'action sélective, educative, c'est à dire destructrice autant que créatrice et formatrice, qu'il est possible d'exercer avec l'aide des religions est une action diverse et multiforme selon l'espece d'hommes qui sont placés sous leur contrainte et leur tutelle. Pour les forts, les individus indépendants, préparé et prédéstinés au commandement, pour les hommes en qui s'incarnent la raison et l'art d'une race dominante, la religion est un moyen de plus pour vaincre les résistances et etre en mesure de dominer; c'est un lien qui unit les maitres et les sujets, qui dévoile et à livre ceux-là les consciences de ceux-ci, leur intimité cachée qui aimerait se soustraire à l'obéissance, et s'il est des individus de cette nature aristocratique qui se consacrent, par leur haute spiritualité, à une vie plus retirée et cotemplative et se réservent pour le monde le plsu raffinée de domination, en s'entourant de disciples choisis ou de freres de leur ordre, la religion elle meme peut leur etre un moyen de se tenir à l'écart du bruit et des tracas de la domination GROSSIERE, un moyen de se garder purs de la souillure NECESSAIRE que comporte toute politique pratique [point essentiel]. Ainsi le comprirent les brahmanes, par exemple : à l'aide d'une organisation religieuse, ils se donnerent le pouvoir de nommer des rois pour le peuple, tandis qu'eux memes se tenaient et se sentaient en dehors des contingences, comme des hommes voués à des taches plus hautes et plus que royales. D'autre part, la religion donne à une partie des sujets l'occasion de se préparer au commandement et à la domination qu'ils exerceront un jour, je eux parler de ces classes et de ces états qui montent lentement et dans lesquels, grace à d'heureuses pratiques matrimoniales, la force et le plaisir de vouloir, la volonté de se dominer soi-meme ne cessent de s'affirmer; à ces classes la religion offre suffisament d'occasions et de tentations pour s'engager dans des chemins d'une spiritualité plus haute, pour mettre à l'épreuve les vertus de dépassement de soi, de silence et de solitude. L'éducation et l'ennoblissement d'une race qui entend s'élever au dessus de son origine plébéienne et se préparer à sa domination future passent presque obligatoirement par l'ascétisme et le puritanisme. aux hommes du commun, enfin ,à la grande masse, à ceux qui ne vivent et ne DOIVENT VIVRE que pour servir et se rendre utiles à l'interet general, la religion dispense l'inapréciable bienfait de les rendre contents de leur sort et de leur situation; elle leur apporte de diverses manieres la paix du coeur; elle ennoblit leur obéissance; elle leur permet de se réjouir un peu plus, de souffrir un peu plus avec leurs semblables; elle transfigure, embellit et justifie dans une certaine mesure toute leur vie quotidienne, toute l'abjection et la misere à demi animale de leur ame. La religion et la signification religieuse de la vie pose un rayon de soleil sur ces hommes toujours malmenés et leur rend supportable meme leur propre aspect; elle agit sur eux comme la philosophie épicurienne a coutume d'agir sur les malades d'une condition plsu relevée : elle reconforte, affine, tire parti en quelque sorte de la souffrance, en fin de compte la sanctifie et la justifie. Peut etre n'est il rien de plus respectable, dans le christianisme et le boudhisme, que cet art d'apprendre meme aux plus humbles à s'élever par la pieté à un ordre de réalité fictif et supérieur et ainsi à se résigner à l'ordre réel dans lequel ils vivent durement, dureté qui est précisement nécessaire."

"En conclusion, pour mettre aussi en lumiere le revers de la médaille et montrer ce que les religions ont de pernicieux, il faut dire q'on paie toujours effroyablement cher le fait qu'elles ne sont pas des moyens de sélection et d'éducation entre les mains des philosophes, mais entendent régner SOUVERAINEMENT. On trouve dans l'espece humaine comme dans toutes les autres especes animales, un excedent d'individus ratés, malades, degenerés, infirmes, d'etre voués à la souffrance chez les hommes aussi les réussites constituent toujours l'exeption, l'exeption rarissime.
Mais il y a pis : plus le type humain que represente l'individus est raffiné, moins la REUSSITE devient probable. le hasard, l'absurdité qui regne dans l'economie generale de l'humanité exercent leurs effets les plus tragiquement destructeur sur les hommes d'élites dont la vie obéit à des conditions subtiles, complexes et difficiles à determiner. Comment les deux religions que nous avons nommées, les deux plus grandes de la terre, se comportent elles en face de ce SURNOMBRE d'échecs ? Elles s'efforcent de préserver de maintenir en vie tout ce qui peut etre gardé vivant ; d'avantage : elles prennent radicalement parti pour ces etres là, car elles sont des religions pour les affligés; elles donnent raison à tous ceux qui patissent de l'existence comme d'une maladie et voudraient faire en sorte que toute autre conception de la vie fut tenue pour fausse et impossible. si haut qu'on place ce souci de proteger et de conserver dans la mesure ou il profite et a profité au type humain supreme, qui, jusqu'ici , fut presque toujours aussi le plus souffrant, le bilan total montre que les religions existance, les religions SOUVERAINES, ont contribué dans une large mesure à maintenir le type "homme" à un niveau inférieur, car elles ont conservé trop d'etre qui DEVAIENT PERIR. Nous leur devons des bienfaits appreciables, et qui serait assez riche de reconnaissance pour ne pas se sentir démuni en présence de tout ce que les "hommes d'Eglise" chrétiens, par eemple, on fait pour l'Europe ! Et cependant, tandis qu'ils consolaient les affligés, reconfortaient les opprimés et les désesperés, soutenaient les débiles, offraient aux individus atteints dans leur santé mentale et aux furieux le refuge des cloitres ou des asiles, que durent-ils faire au surplus, pour travailler par principe et avec bonne conscience à la conservation de tous les etres malades et souffrants, c'est à dire, en fait et en vérité, à la DETERIORATION DE LA RACE EUROPEENNE? [souligné par Nietzsche lui-meme]
Mettre sens dessus dessous toutes les valeurs, voila ce qu'ils durent faire ! et brider les forts, debiliter les grandes esperances, pervertir tout ce qui est orgueilleux, viril, conquérant, dominateur, tous les instincts qui appartienent au type humain le plus elevé et le plus accompli en y introduisant l'incertitude, les tourments de conscience, le gout de se détruire, muer meme tout attachement à la terre et à la domination de la terre en haine de la terre et des choses terrestres [fondamental, il faut le prendre aussi au sens stricte, pas seulement à l'opposition Terre/Ciel]
Voila la tache que l'Eglise s'est prescrite et qu'elle devait se prescire, jusqu'aà ce que s'imposat enfin son ordre de valeurs, ou les idées de renoncement au monde, de mortification, et d'homme superieur se cofondent en une seule notion.
[...]
Ne semble-t-il pas qu'une seule volonté à regné sur l'Europe depuis 18siecles, et que cette volonté etait de transformer l'ehomme en un AVORTON SUBLIME ?
JE veux dire que le christianisme a été la forme la plus fatale de la présomption. Des hommes ni assez grands ni assez durs pour avoir le droit de FACONNER L'HOMME en artistes; des hommes ni assez forts ni assez lucides pour laisser agir la loi premiere qui veut qu'il y ait des miriades d'echecs et d'avortements; des hommes pas assez aristocratiques pour apercevoir la hiérarchie des etres et l'abime qui s'etend entre un homme et un autre, voila les hommes qui avec leur "egalité devant dieu" ont regné jusqu'à nos jours sur le destin de l'Europe, jusqu'à ce qu'enfin ils aient obtenu une espece amoindrie, presque risible, un animal grégaire, quelquechose de bienveillant, de maladif et de médiocre, l'Européen d'aujourd'hui ..."

1 commentaire:

Ague a dit…

Oui, ceci est bien triste.