mercredi 11 juin 2008

Bon baiser de Russie

Quatre formations ultranationalistes russes se sont entendues, dimanche 8 juin, pour promouvoir ensemble leurs idées, présenter des candidats communs aux élections et lutter contre la "russophobie". Réunis à l'Hôtel Cosmos (nord-est de la capitale russe), une centaine de délégués du Mouvement contre l'immigration illégale (DPNI), de la formation La grande Russie, du Mouvement social russe et du parti Le Peuple ont fait alliance.

Présenter des candidats communs aux élections ne sera pas facile. Aucun des quatre partis ne jouit d'une existence légale. Ainsi la formation La grande Russie, créée en 2007 par Dmitri Rogozine - aujourd'hui représentant de la Russie à l'OTAN -, a tenté par deux fois de recevoir un statut légal, en vain. Ses représentants sont toutefois présents à des postes-clés, et son chef, Andreï Saveliev, est député à la Douma.

Intervenant devant les délégués, le chef du DPNI, Alexandre Belov, a donné sa vision du nationalisme, "une idéologie libérale et sociale" appréciée par "70 % des Russes", mais qui n'a pas encore trouvé son expression en politique. "Il nous revient de la faire avancer", a-t-il expliqué.

CHASSE AUX NON-SLAVES

Ancien membre du mouvement chauvin et antisémite Pamiat, né au moment de la perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev, Alexandre Belov s'est surtout fait connaître lorsque, en septembre 2006, ce petit homme à lunettes vêtu de sombre a, non sans succès, appelé la population de Kondopoga en Carélie (frontière avec la Finlande) à "nettoyer la Russie" de ses "tchiornye" ("noirs"), soit les ressortissants du Caucase et d'Asie centrale.

Ulcérée par une échauffourée avec des Caucasiens, chauffée à blanc par les discours des nationalistes, la population s'était alors livrée à une chasse aux non-Slaves, brûlant les étals des marchés, chassant Tchétchènes, Azerbaïdjanais et Arméniens de la petite ville.

Sous couvert de lutte "contre l'immigration illégale", le DPNI met sur un même plan les ressortissants d'Asie centrale (Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizstan) et de Transcaucasie (Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan) et ceux de la Fédération de Russie (Tchétchènes, Ingouches, Tcherkesses, Daghestanais), qui, théoriquement, sont des citoyens à part entière.

Prenant la parole à son tour, le dirigeant du parti Le Peuple, Alexeï Navalny, a insisté sur le caractère "démocratique" de la nouvelle coalition nationaliste. Celle-ci devra se doter d'un mouvement de défense des droits de l'homme et scruter "les formes d'expression de la russophobie".

Marie Jégo

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